Gilles Kepel: Votre père était architecte et votre mère une universitaire non religieuse spécialisée dans les textes religieux. Vous avez grandi dans les années 1960 au sein du mouvement de jeunesse anti-establishment, puis vous avez été confronté à la violence de la guerre du Kippour en octobre 1973, où vous avez survécu à une grave blessure. Comment les influences de votre héritage intellectuel, de vos premiers engagements radicaux et de votre expérience de la guerre se sont-elles combinées, envers et contre tout, pour donner naissance à l'univers artistique que vous avez créé, porté par une vision optimiste du monde dans une région marquée par le traumatisme et la haine ? Diriez-vous que votre œuvre a ouvert la voie, sur le plan culturel, à des tentatives de réconciliation politique comme celles que les accords d'Abraham, entre autres, ont récemment illustrées ?
Amos Gitaï: C'est une question longue et complexe.